Oui, je me rappelai.
Je connaissais le creux de ce corps protecteur. Je connaissais les battements de ce cœur derrière cette poitrine large. Je connaissais cette paume chaude contre ma joue...
Dans un éblouissement terrifiant, je compris, et me laissai tomber lourdement sur le tapis, comme je l'avais fait dans mon rêve, au milieu de la chambre vide, en appelant d'une voix faible :
- Eidan, reviens !
Qu'avais-je fait ? Mais qu'avais-je donc fait ? Les larmes brouillèrent ma vue et coulèrent sur mes joues. Un gémissement incohérent s'échappa de mes lèvres figées.
C'était trop tard, il était déjà parti, je l'avais chassé, et je demeurais seule, envahie par le vide et le froid.
Mon feu intérieur venait de s'éteindre. En moi, il ne subsistait que des cendres froides, les cendre que mon oubli avait provoquées. J'avais oublié que c'était Eidan qui m'aimait. J'avais oublié qu'il était à l'origine de mon feu intérieur, qu'il m'aidait à l'animer. Comment avais-je pu rayer tout cela de ma mémoire ? Mon âme ressemblait à la cheminée que j'avais vue dans mon songe. Un âtre glacial, éteint depuis longtemps, empli de cendres, symbole d'une fin tragique.